6 janvier 1906
Le jour de Noël selon le calendrier Apostolique Arménien, naissance de Lévon (qui deviendra Léon) Markarian, au n°12 de la place du Jardin, à Haykur appelé Erményköy en turc, petit village de pêcheurs en Arménie Occidentale près de Panderma (maintenant Bandirma), sur la Mer de Marmara.
La Famille MARKARIAN est une famille de tailleurs de pierres et le père de Lévon construit des routes. Ce dernier sera l’aîné d’une famille de 6 enfants (il a 4 sœurs et 1 frère).
1914
La Famille MARKARIAN est expropriée et déportée à Adana. Lévon âgé de 8 ans, quitte alors l’école communale.
Un jour pour chercher de la nourriture pour lui et sa famille, Lévon va le soir tard, près de son village. Il doit traverser les rivières à la nage pour ne pas emprunter les chemins.
A chaque rivière, il se déshabille, met ses habits noués sur sa tête et se rhabille sur l’autre rive. Puis il se terre dans un trou pour passer la nuit. Mais sans s’en apercevoir il s’endort au bord d’un chemin, et au petit matin il est réveillé par des bruits de chevaux qui se rapprochent très vite, surpris il sort de sa cachette. Un des chevaux prend peur, se cabre. Ce sont des Tcherkesses, l’un d’entre eux lui demande : « que fais-tu petit sur ce chemin ?» Quand il apprend qu’il cherche à manger, il le fait monter sur son cheval, l’emmène dans un village pour lui donner de la nourriture et le raccompagne dans sa famille.
Une autre fois, il eut moins de chance, tenté de revenir dans le jardin familial pour y cueillir des fruits, il est surpris par des gendarmes turcs qui lui assènent 30 coups de bâton sur la plante des pieds. Lévon va chez des amis de la famille à genoux, pour se faire soigner pendant plusieurs jours, avant de rentrer chez lui.
1915
Sur l’ordre du gouvernement ottoman, les Turcs établissent une politique d’extermination contre les Arméniens : le 24 avril est la date officielle du début du Génocide. Il y aura un million et demi de morts.
1916
Karékine , le père de Lévon, est déporté puis libéré clandestinement, se faisant passer pour un Grec. Par la suite, il échappera aux Turcs par trois fois, protégé par son patron entrepreneur qui le fait passer pour un Italien.
Aujourd’hui, l’Arménie Orientale compte trois millions trois cent quarante quatre mille habitants, et quatre millions et demi à travers le monde.
Juin : Lévon voit tuer sous ses yeux son grand-père Markar par des soldats turcs.
1918
À la fin de la guerre, l’Arménie est déclarée République Arménienne de la Transcaucasie et toute la famille se rejoint à Panderma. Lévon retrouve son père et découvre son école détruite.
1920
Le pouvoir soviétique s’établit.
10 août : Malgré le Traité de Sèvres passé entre la Turquie et les grandes nations pour sceller la paix, les arrestations et les déportations continuent.
1921
Lévon retourne à Haykur. Mais pour faire vivre sa famille, il transporte lui-même les pierres de taille sur les bateaux et s’occupe de la vigne familiale.
1922
Karékine , le 10 août, en accord avec son aîné Lévon alors âgé de 16 ans, décide de quitter son pays.
A 9 heures du soir, la Famille MARKARIAN s’embarque à bord de leur voilier avec des amis voisins, abandonnant tout leur patrimoine dans leur petit village de pêcheurs.
Une collision avec une autre embarcation faillit leur être fatale. Ses occupants montent à bord du bateau de Karékine. Ils sont maintenant treize, soumis aux caprices de la mer.Au cours de la nuit une violente tempête s’abat sur eux mais ne parvient pas à les détourner de leur route : Lévon à la barre, Karékine et le voisin aux voiles et les filles aux écopes, Aravnie à l’avant serrant Stépan et Zabel dans ses bras.
Ils traversent ainsi la Mer de Marmara et sont obligés à cause de la tempête de s’abriter à Tekirdag en Turquie d’Europe, politiquement plus calme.
Passant le Détroit des Dardanelles de nuit, voiles réduites pour ne pas se faire repérer, ils font escale à Alexandroupolis puis atteignent Cavalla en Grèce où ils vont vendre leur bateau. Ils y resteront 2 ans. De là, ils iront à Salonique, y habiter presque un an.
Sa grand-mère Païladzoun qui s’embarqua sur un autre bateau ne vint jamais au rendez-vous de Cavalla, elle fut très probablement tuée par les Turcs, ainsi que ses compagnons, au cours du voyage.
1925
Ils entreront dans le port de Marseille, le 25 mars 1925. Léon a 19 ans. Commence alors la quête du travail. Sans papiers, ne parlant presque pas le français, on les repousse déjà du quai des dockers.
Dans les mines de charbon en Arles, on emploie des familles qui ont une majorité de garçons. Chez les Markarian, on compte 4 filles pour 2 garçons (Stéphane n’a que 4 ans!).
Karékine et sa famille tentent alors leur chance à Aix-en-Provence, pendant que Léon se rend à Nice dans le Quartier Saint Sylvestre, maison Demagistri, chez un parent qui dirige une société de construction en bâtiment. Léon se fixera définitivement à Nice.
1927
Il rencontre une jeune fille, Lucie.
1928
Le 25 février, elle devient son épouse.
1929
Le métier du bâtiment ne lui convient pas, il rentre chez un garagiste.
1932
MARKARIAN est peintre, il dessine le faux bois sur les fiacres et les voitures, il trace également des filets à la main sur les fiacres, les voitures et même les cadres de vélos, décors très à la mode à cette époque.
1936
Il achète sa première moto, une « Saroléa » , puis la transforme en side-car pour emmener son épouse, sa belle-mère et ses enfants . Il achètera par la suite une « Harley Davidson » qu’il transformera également en side-car.
1948
Il se met à son compte comme peintre carrossier, à la rue Smollet à Nice.
Tous les dimanches, il parcourt la région à moto avec toute sa famille et, avec une équipe d’amis, ils feront vivre un club de mordus de motocyclisme, le Motocycle Club de Nice qui deviendra le Centaure Club de Nice.
Il achète une BMW type « Russie », modifie le side-car pour lui ajouter une deuxième place et le faire ressembler à une petite voiture. Ils franchiront ainsi les frontières pour visiter les musées d’Italie.
1955
Il commence le dessin qui devient, avec la moto, sa deuxième passion.
1956
Il aborde la peinture.
Un ami architecte, découvre ses talents et l’encourage à poursuivre.
1961
Monsieur MAZOD, professeur de dessin, lui organise sa première exposition à la Chambre des Métiers de Nice.
1963
Il achète un terrain dans le quartier de la Madeleine et installe son atelier de carrosserie peinture.
1971
Il prend sa retraite et se consacre à son Art.
Son fils Vincent reprend l’affaire.
1983
Il tombe gravement malade, perdant l’usage d’une de ses mains. Avec acharnement et témérité, il reprend ses pinceaux tentant de retrouver la grâce de son Art, ses formes et sa poésie.
1990
Le 9 novembre, il décède à Nice des suites de sa maladie.