dit Turc’’, simplement et sans méchanceté, à une personne que l’on juge ignorante ou arriérée.
Ils se marièrent en 1928.
L’année suivante il entra comme apprenti chez un garagiste. Il voulut apprendre ce métier relativement moins pénible aux horaires fixes. Après avoir changé plusieurs fois d’employeurs, il s’installera à son compte en 1939.
En 1948 il acheta un petit bout de terrain à la Madeleine, à proximité de la communauté arménienne. Il fit construire un atelier de carrosserie dans lequel il travailla jusqu’à sa retraite bien méritée en 1971. Aujourd’hui le second de ses trois fils a pris la succession.
Après avoir lu cette biographie nous pouvons nous demander à quel moment Léon Markarian a appris le dessin et la peinture. A l’école ? Certainement pas car il y est allé jusqu’à l’âge de 8 ans. Après il a subi la déportation. De retour à Panderma en 1918, il a vu l’école détruite , l’instituteur n’était plus là. Trois années se sont encore écoulées le temps de reconstruire l’école et de trouver un nouveau maître. Léon est allé encore à l’école de 1921 à 1922, année de la victoire de Mustapha Kémal sur les Grecs. En Grèce et en France Léon était trop âgé pour suivre un cycle normal. Il devait entrer dans les écoles privées. Cette solution était impensable pour une famille immigrée composée de six enfants.
Léon Markarian est donc un autodidacte en peinture et en dessin.
Eh bien alors ! comment le goût de dessiner et de peindre lui est-il venu?
Contrairement aux apparences, Léon Markarian n’a jamais été très éloigné des arts. En Turquie il admirait déjà son père sculpteur de pierre. Il avait donc “de qui tenir”. (Il en est de même pour son propre fils aîné qui a fini les Beaux-Arts, maintenant ainsi une certaine tradition dans la famille).
Dans son atelier de carrosserie il pei-
gnait les voitures. Actuellement, il suffit d’avoir un pistolet à air comprimé et le numéro de la peinture pour faire ce travail. Mais à l’époque, il fallait être presque un artiste pour obtenir les bons mélanges et peindre la voiture d’une manière uniforme. Mais surtout, après son mariage, il est allé régulièrement visiter les musées tous les dimanches. Il voyageait en moto, sa femme assise dans le side-car. Il a fait ainsi le tour des musées d’Europe. Il fut beaucoup impressionné à Florence :
« J’avais l’impression que les personnages des tableaux me parlaient » dira-t-il. « C’est extraordinaire ce que ces peintres ont peint ». De retour à Nice, il veut imiter ces illustres maîtres et se met à dessiner; nous sommes en 1952. Mais le résultat ne ressemble pas aux œuvres de Fra-Angelico, Michel-Ange ou Raphaël. C’est du Markarian. C’est-à-dire une reproduction de la réalité sous une forme naïve.
Vers 1959 sa belle-mère est tombée malade. Les dimanches se passaient donc à la maison car les Siciliens, comme les Arméniens, ont en
commun le même sens de la famille avant tout. Désormais Léon Markarian va peindre pendant ses loisirs. Après sa retraite en 1971 il peut se consacrer toute la semaine à la peinture. Son style ressemble beaucoup (est-ce par hasard ?) aux enluminures orientales par l’absence d’ombre et de perspective. Il puise son inspiration dans la réalité et la nature qu’il aime beaucoup et qu’il “voit avec ses yeux”. Il invente rarement un sujet. De ce fait il n’est pas très attiré par la peinture moderne. Tout en reconnaissant que certaines œuvres sont très belles quant à l’association des couleurs, il dira :
“Dans une exposition, le peintre devrait rester en permanence à côté de ses tableaux pour expliquer aux visiteurs ce qu’il a voulu représenter”.
Léon Markarian ne sort jamais de chez lui sans emporter le minimum